Thursday, May 15, 2025

Changement sociétal

15/05/2025

ABSTRACT:

Cet article propose une analyse de la littérature sociologique portant sur la construction sociale des problèmes publics, en mettant en lumière les mécanismes qui favorisent l’émergence de certaines questions au sein du débat public. Il ressort de cette littérature que ce ne sont pas l’importance objective ni les caractéristiques intrinsèques d’un enjeu qui déterminent son accès au statut de problème public, mais bien une série de dynamiques sociales, parmi lesquelles la médiatisation occupe une place centrale. À partir d’une synthèse des travaux majeurs dans ce champ, l’article identifie les principaux facteurs intervenant dans la construction des problèmes publics et souligne le rôle stratégique que peuvent jouer les mouvements sociaux en mobilisant ces dynamiques pour faire progresser leurs causes de manière efficiente.


Introduction

Un agent moral conscient de l’existence d’une injustice majeure au sein d’une société a l’obligation morale d’agir de manière efficace afin d’éliminer cette injustice dans les plus brefs délais. Pour pouvoir remplir ce devoir d’action efficace, l’agent moral doit acquérir une connaissance des mécanismes sociologiques qui permettent l’élimination d’une injustice dans une société. Autrement dit, l’obligation morale de supprimer une injustice implique une obligation procédurale d’apprendre les mécanismes qui rendent possible l’élimination des injustices à l’échelle sociétale.
C’est la sociologie de la construction sociale des problèmes publics — ou sociologie des problèmes sociaux — qui étudie le processus par lequel certaines questions sont identifiées comme des problèmes publics et deviennent l’objet d’une action politique. Selon les sociologues, les problèmes reconnus par la société et les autorités comme relevant du domaine public n’accèdent pas à ce statut en raison de leur importance objective, mais en vertu de certaines dynamiques qui s’opèrent dans le cadre du débat sociétal (Becker H. (dir.), 1966, Social Problems : A Modern Approach, New York, John Wyler; Patrick Hassenteufel, « Les processus de mise sur agenda : sélection et construction des problèmes publics », Informations sociales 2010/1 (n° 157), p. 50-58., p. 51). Dans notre société, de nombreuses personnes réalisent l’injustice de tuer les animaux pour de simples habitudes alimentaires et doivent donc apprendre comment éliminer cette pratique au niveau sociétal. Le présent article se basera donc sur cet exemple, même si, de manière évidente les mécanismes sociaux examinés s’appliquent pour tout autre sujet.


I. Trois dynamiques par lesquelles un problème se métamorphose en problème public pris en charge par les institutions étatiques


a. Mobilisation collective

La première dynamique du processus transformant une question en problème public est la mobilisation collective, également appelée « participation populaire » par certains sociologues (Roger W. Cobb et Charles D. Elder, Participation in American politics : the dynamics of agenda-building, 1983, p. 163). À ce stade, certaines personnes qui considèrent qu'une question est un problème commencent à formuler publiquement une revendication politique affirmant que le problème doit être éliminé par l'État ou par une société accusée d'être responsable du problème. Très logiquement, pour voir un jour l'élimination d'un problème, il faut au préalable affirmer publiquement et clairement que ce problème doit être éliminé. Tout comme les avocats doivent formuler des conclusions précises dans leurs actions en justice pour que le juge leur accorde ce qu'ils demandent pour leur client, de même les acteurs sociaux doivent formuler des revendications précises pour obtenir la transformation qu'ils souhaitent (  William L.F. Felstiner, Abel, R. L., & Sarat, A. (1980). The Emergence and Transformation of Disputes: Naming, Blaming, Claiming . . . Law & Society Review, 15(3/4), 631–654, p. 636). Cette revendication peut être associée à des manifestations, des actions violentes, des actions symboliques pacifiques, des pétitions, des lettres à l'éditeur, des boycotts, des grèves, etc. La mobilisation vise à rendre la revendication plus visible pour le public, à attirer l'attention et la sympathie de l'opinion publique et des médias, et à défendre publiquement la revendication en diffusant les arguments en faveur de celle-ci dans le public et, enfin, à augmenter le nombre de citoyens qui partagent l'opinion politique favorable à l’adoption politique et institutionnelle de la revendication. Toutes ces étapes permettent de créer une pression plus grande sur les institutions pour amorcer le changement démocratique souhaité (Patrick Hassenteufel, « Les processus de mise sur agenda : sélection et construction des problèmes publics », Informations sociales 2010/1 (n° 157), p. 50-58., p. 51).


b. Médiatisation

La deuxième dynamique est celle de la médiatisation. Les réseaux sociaux sont également des médias. Des médias de transport de l'information. De nos jours, sans couverture médiatique, il est peu probable qu'une question importante devienne un jour un problème public et soit résolue par les autorités (Dispensa, Jaclyn & Brulle, Robert. (2003). Media's Social Construction of Environmental Issues: Focus on Global Warming-A Comparative Study. International Journal of Sociology and Social Policy. 23. 74-105. P. 90, 10.1108/01443330310790327). Malgré le fait que les réseaux sociaux sont également des médias, un sujet peut être plus facilement diffusé, y compris sur les réseaux, s’il a fait l’objet d’une médiatisation. Néanmoins, les médias anciens sont détenus pour la plupart par des sociétés privées qui sont des institutions du capitalisme jouant parfois un rôle de gardiens du statu quo. De plus, le capitalisme profite de l'esclavage animal. Par conséquent il peut être bénéfique pour les mouvements sociaux souhaitant une rupture du système de ne pas les utiliser. Cdla peut même constituer ce que je nomme une surprise sociétale de faire des action radicales extraordinaires et les revendiquer non pas via les médias anciens mais les médias nouveaux. L'avantage étant que sur les médias actuels les acteurs sont sociaux ne sont pas de passifs fournisseurs de citations mais sont des rédacteurs en chef ayant une pleine liberté. Une revendication et les arguments la soutenant sont plus visibles pour le public s’ils ont été l’objet d’une information fournie au public autrement dit médiatisation. Étant donné que la circulation des arguments en faveur d'une revendication fait rapidement augmenter le nombre de citoyens soutenant celle-ci, elle est extrêmement importante dans le processus du changement social. Par conséquent, les agents moraux qui cherchent à éliminer une injustice doivent étudier attentivement les facteurs qui contribuent à accroître la couverture médiatique d'un problème, ce qui est généralement le facteur de surprise sociétale.


c. Politisation

Pour faciliter la politisation d'un sujet, il est bénéfique de connaître les opinions et biographie des individus au pouvoir et leur médiatiser le problème. La médiatisation destinée aux individus politiques doit préférablement inclure l'information sur l'existence d'une opportunité politique pour la codification légale de la solution (la force des partis politiques en place, l'identité des individus au pouvoir exécutif (leurs opinions, leur biographie, etc.)).



II. Comment les mouvements sociaux peuvent-ils influencer ces dynamiques pour atteindre l’aboutissement de leurs revendications plus rapidement?

Nous allons voir ci-dessous, ce que peuvent faire les acteurs sociaux pour chacune des dynamiques décrites plus haut pour faire en sorte que leurs revendications soient adoptés plus rapidement par les institutions.


a. Au stade de la Mobilisation collective

i. Exprimer une revendication

Comme indiqué plus haut, la dynamique de mobilisation collective est celle dans laquelle les acteurs sociaux formulent publiquement une revendication politique. Nous avons vu qu'un problème a très peu de chances d'être éliminé si personne ne réclame son élimination. Appliqué au problème de l'abattage d'animaux pour de simples habitudes alimentaires, cela signifie que pour voir un jour cette pratique éliminée, il faut d'abord qu'il y ait des personnes qui expriment la revendication politique que cette pratique doit être interdite.


ii. Choisir une revendication radicale et la lier à des arguments radicaux

Pour changer la norme culturelle autour d'un sujet, ce qui est plus efficace c'est d'émettre la revendication la plus radicale.

L'expression de la revendication fait circuler les arguments en faveur de celle-ci, cela génère un changement de la norme culturelle ce qui permet l'adoption d'une nouvelle norme légale.


Chateauraynaud explique que pour être efficaces, les arguments doivent être liés à des principes communément admis (Chateauraynaud F. (2011). Argumenter dans un champ de forces. éd. Petra, 2011). Pour que le plus grand nombre possible de citoyens deviennent favorables à l'opinion politique visant l'adoption de la revendication, un argument doit être recevable. L'affirmation « tuer des animaux pour de simples habitudes alimentaires doit être interdit », doit être liée à un argument comme le suivant : Le principe de non-violence doit être respecté. La revendication d’interdiction des expériences sur les animaux peut être liée à l'argument qui suit: Le principe de protection des intérêts des individus innocents et vulnérables doit être respecté.


iii. Choisir le mode de mobilisation collective

Pour être efficaces, les mouvements sociaux doivent choisir le mode de mobilisation collective qui a le plus de chances de faire accepter leurs revendications par les autorités. C'est donc une obligation morale pour eux de savoir ce que les chercheurs disent à ce sujet.
Dans une étude, après avoir analysé des centaines de campagnes de résistance violente et non violente, le chercheur Chenoweth (2011) a montré que les campagnes non violentes réussissent dans 53% des cas alors que les campagnes qui utilisent la violence ne réussissent que dans 26% des cas, pour les campagnes qui utilisent le terrorisme le taux de réussite n'est que de 9% (Chenoweth, E., & Stephan, M. J. (2011). Why Civil Resistance Works: The Strategic Logic of Nonviolent Conflict. International Security, Vol. 33, No. 1 (Summer 2008), pp. 7–44, p. 8).

D'un point de vue logique, on peut donc considérer que les campagnes réussissent plus facilement lorsqu’elles ont un mode de mobilisation pacifique et que les cas où le mode de mobilisation plus disruptif donnent du succès s’expliquent par le fait que les revendications du mouvement jouissaient d’un large soutien.

Les chercheurs qui travaillent sur cette question, au lieu de déterminer ce qui est objectivement de la violence ou du terrorisme, basent leur analyse uniquement sur ce qui est perçu comme « violent » ou « terroriste ».

Abrahms (2006) affirme que, quelles que soient les exigences politiques réelles des mouvements qui recourent au terrorisme, leur mode d'action génère la conviction que leurs objectifs sont maximalistes et dissuade les autorités de faire la moindre concession (Abrahms M. (2006). Why Terrorism Does Not Work. International Security, 31(2), 42–78, p. 57).

Relativement à la première Intifada palestinienne, Kaufman a constaté que si seulement 15% des manifestations pendant l'Intifada étaient violentes (la majorité d'entre elles consistaient uniquement à jeter des pierres sur les forces de défense israéliennes dans les territoires), 80% des Israéliens percevaient que les moyens utilisés par les protestations étaient « principalement violents » et 93% pensaient que l'Intifada était « dirigée à la fois contre les civils et contre l'armée »  (Kaufman E. (1991). Israeli perceptions of the Palestinians’ ‘limited violence’ in the Intifada. Terrorism and Political Violence, 3:4, 1-38, p. 9). Plus intéressant encore, alors que le premier objectif de l'Intifada était de « communiquer aux Israéliens la nécessité de mettre fin à l'occupation des territoires », Kaufman (1991) a constaté que 66% des Israéliens pensaient que l'Intifada était dirigée « contre l'existence de l'État d'Israël ».

Il ne s'agit là que d'un exemple illustrant les résultats obtenus par Chenoweth (2011) et montrant que plus un mouvement est perçu comme violent, plus il donne l'impression d'avoir des objectifs extrémistes qui ne devraient pas être adoptés par la société.

Dans une autre étude comparant les conséquences de différents types d'actions médiatisées sur la perception de deux groupes différents concernant la même cause et provenant du même mouvement montre que les actions du mouvement médiatisées qui sont perçues comme « extrêmes » ou « immorales » par le public génèrent moins de soutien de la part du public pour le mouvement (Feinberg, M., Willer, R., & Kovacheff, C. (2020). The activist’s dilemma: Extreme protest actions reduce popular support for social movements. Journal of Personality and Social Psychology, 119(5), 1086–1111). Dans cette étude, Feinberg (2020) tend à montrer que lorsqu'un mouvement a recours à des « actions de protestation extrêmes », cela crée une perception de l'immoralité des actions de protestation, ce qui entraîne une diminution de la connexion émotionnelle et de l'identification avec les acteurs du mouvement, ce qui, à son tour, entraîne un soutien moindre du mouvement. Il est intéressant de noter que l'un des cas testés sur les sujets était une manifestation en faveur des droits des animaux.

Environ 300 participants ont été recrutés pour tester ce cas. Ils ont été répartis en trois groupes différents. Chaque groupe a appris qu'il devait lire une transcription d'une émission d'information et répondre ensuite à des questions à ce sujet :

"Les participants ont lu l'histoire d'une organisation fictive de défense des droits des animaux appelée Free the Vulnerable (FTV).

L'extrémisme du comportement de protestation du mouvement a été manipulé à trois niveaux : Protestations modérées, protestations extrêmes ou protestations très extrêmes. Les manifestants des deux conditions de protestation extrême se sont livrés à des activités illégales (par exemple, s'introduire dans un laboratoire d'expérimentation animale) sur le modèle des activités de protestation des militants des mouvements sociaux de la vie réelle, les manifestants de la condition de protestation extrême se livrant à des comportements particulièrement perturbateurs et nuisibles (par exemple, droguer un agent de sécurité [ainsi que libérer les animaux gardés dans le laboratoire et détruire les biens]) par rapport aux manifestants de la condition « protestation extrême » (par exemple, se faufiler devant l'agent de sécurité [et libérer les animaux du laboratoire sans détruire de biens]). En revanche, dans la condition de protestation modérée, les activistes ont défilé pacifiquement pour exprimer leurs revendications. L'inclusion de deux conditions de protestations extrêmes nous a permis d'explorer des possibilités concurrentes concernant les effets des protestations extrêmes sur le soutien des observateurs à un mouvement. D'une part, les observateurs peuvent baser leur niveau de soutien directement sur le degré d'extrémisme des actions de protestation et, par conséquent, l'extrémisme de la protestation aurait un impact linéaire sur le soutien des observateurs. D'autre part, il peut y avoir un seuil d'extrémisme au-delà duquel les impressions des spectateurs ne deviennent pas plus négatives" (Feinberg, M., Willer, R., & Kovacheff, C. (2020). The activist’s dilemma: Extreme protest actions reduce popular support for social movements. Journal of Personality and Social Psychology, 119(5), 1086–1111.
 p. 1101).

Après avoir lu ce qu'ils pensaient être une transcription d'une émission d'information, les participants ont indiqué dans quelle mesure ils pensaient que la manifestation était extrême, dans quelle mesure ils s'identifiaient socialement aux membres du mouvement, dans quelle mesure ils soutenaient les manifestants, dans quelle mesure ils étaient prêts à rejoindre le mouvement et dans quelle mesure ils soutenaient la cause générale du mouvement.
Les résultats ont tout d'abord montré que les participants aux groupes « protestations extrêmes » et « protestations très extrêmes » considéraient le comportement des manifestants comme plus extrême que les participants au groupe « protestations modérées ». En outre, les participants à la condition de protestation très extrême considéraient le comportement des manifestants comme plus extrême que les participants à la condition de protestation extrême. Les participants à la condition de protestation modérée soutenaient davantage les manifestants, étaient plus enclins à rejoindre le mouvement et soutenaient davantage la cause globale du mouvement. Cependant, malgré le fait que les participants à la condition de protestation très extrême considéraient le comportement des manifestants comme plus extrême que les participants à la condition de protestation extrême, les chercheurs ont trouvé des différences non significatives entre les autres réponses des conditions de protestation extrême et très extrême. Conformément à l'hypothèse du seuil, les chercheurs ont conclu :
 Ainsi, bien que les manifestants de la condition « Manifestation extrême » aient été considérés comme nettement moins extrêmes que ceux de la condition « Manifestation très extrême », ils ont été jugés de la même manière. Ce résultat est conforme aux recherches qui soutiennent que la perception du caractère inapproprié de nombreux actes ne se produit pas de manière linéaire, mais comme une fonction par paliers, où les comportements qui franchissent un seuil donné sont catégorisés de manière tout aussi négative (Alexander, 2008).” (Feinberg, 2020, p. 1101).

Puisque les conditions de l'action de protection extrême ne concernaient que l'entrée illégale dans le bâtiment et le sauvetage illégal des animaux sans vandalisme ni dommages à la propriété et que les réponses des participants dans cette condition n'étaient pas bien meilleures que dans la condition de l'action de protection très extrême où la drogue d'un agent de sécurité et des dommages à la propriété étaient impliqués, cela signifie que le simple fait que les activistes animalistes fassent quelque chose d'illégal (sans causer de dommages directs à l'intégrité physique ou à la propriété de quelqu'un) peut suffire, en tout cas pour un public états-unien (l’étude de Feinberg ayant été faite aux États-unis), à produire les mêmes résultats négatifs que si les activistes droguaient un être humain et endommageaient une propriété privée. D'après les résultats de cette étude, on peut penser que l'opposition du Front de Libération des Animaux à toute forme de violation de l'intégrité corporelle (mais son acceptation des dommages à la propriété, qui est déjà une condition plus négative que la Condition d'Action de Protestation Extrême de l'étude) peut ne pas signifier une réduction des conséquences négatives de leurs actions aux yeux du public. En outre, l’application de principes éthiques, les défenseurs des animaux s'engageant dans des actions directes destructrices ont souvent été qualifiés de terroristes (Posłuszna E. (2020), A Prognostic View on the Ideological Determinants of Violence in the Radical Ecological Movement. Sustainability. 2020; 12(16):6536, p. 3).

L'un des objectifs de la mobilisation collective étant de persuader le plus grand nombre possible de citoyens d'adopter des opinions politiques favorables à leurs revendications, les mouvements sociaux doivent choisir stratégiquement leur mode de mobilisation collective.

Comme il a été dit précédemment, dans l’étude de Chenoweth, les campagnes perçues comme violentes par le public ont deux fois moins de chances de réussir que celles perçues comme non violentes, tandis que celles perçues comme faisant appel au terrorisme ont six fois moins de chances de réussir.

Toutes choses égales par ailleurs, il est donc préférable d’opter pour un mode de mobilisation pacifique. L’exception possible étant l’impossibilité pour un mouvement d’obtenir une médiatisation de ses revendications et arguments lorsque le mode de mobilisation pacifique est utilisé. Dans ce cas, des actions plus disruptives sont stratégiquement justifiées pour obtenir une médiatisation et faire connaître les revendications et arguments en faveur de celles-ci aux citoyens. Si un mode de mobilisation perçu comme violent est choisi il conviendra d’opter pour une revendication le plus largement soutenue par le public afin d’augmenter les chances de succès de la mobilisation. De tels sujets, pour le mouvement animaliste, pourraient comprendre le problème des animaux de compagnie abandonnés, celui consistant tuer des animaux pour de simples habitudes alimentaires ou celui des animaux utilisés dans des expériences. Environ 35% des citoyens sont souvent opposés aux abattoirs et aux expérimentations animales. Une action disruptive réalisée à cause de l’impossibilité d’obtenir une médiatisation d’une autre manière a avantage à mettre en avant des principes communément admis et arguments qui pourraient être utiles à d’autres revendications du mouvement permettant ainsi de changer l’opinion publique sur ces revendications également et de créer une nouvelle norme culturelle favorable au mouvement.

La perception du caractère extrême ou non des actions est produite à cause du cadrage réalisé par les médias, il existe donc une marge de manoeuvre pour les activistes pour influer sur celui-ci.


b. Médiatisation

Pour qu'un problème s'inscrive à l'ordre du jour politique il doit, en principe, bénéficier d'une couverture médiatique. 

Les réseaux sociaux sont également des médias. Des médias de transport de l'information.

Lorsqu'un problème est suffisamment médiatisé, les arguments en faveur de la revendication deviennent connus de tous. Et tout le monde sait qu'ils sont connus de tous. Une nouvelle norme culturelle a donc été créée. Au vu de l'existence de cette nouvelle norme culturelle, la codification de celle-ci en une norme légale devient nécessaire et évidente. Pour tout le monde. Et tout le monde le sait.

Cela fait longtemps que les chercheurs travaillant sur les médias disent des choses similaires à propos des médias :

Ils présentent constamment des objets suggérant ce que les individus de la masse devraient penser, savoir, ressentir (Lang K. & Lang G. E. (1966), The Mass Media and Voting. Public Opinion and Communication, Bernard Berelson and Morris Janowitz, eds., Reader, 2d ed., New York, Free Press, 1966, p. 468).

Mccombs a également suggéré que les médias de masse avaient une fonction de définition de l'ordre du jour (McCombs M. E. & Shaw D. L. (1972), The Agenda-Setting Function of Mass Media. The Public Opinion Quarterly, Vol. 36, No. 2., pp. 176-187, p. 184). Cette fonction se manifeste notamment par la sélection des questions considérées comme dignes d'intérêt par les médias et par le cadrage de ces questions.

Les médias actuels sont les réseaux sociaux.


i. Choisir les angles plaisants aux médias

Les recherches menées par les journalistes sur les valeurs des médias, l'actualité et le l'accès aux médias sont utiles pour comprendre certains des facteurs utilisés par ceux-ci pour décider si un sujet mérite d'être traité.

Les sociologues ont dressé des listes de critères indiquant que pour bénéficier d'une couverture médiatique, un sujet doit satisfaire à au moins un ou plusieurs d'entre eux.

L'une des listes de Harcup & O'Neill (2017) comprend ce qui suit :

"Exclusivité : Histoires générées par, ou disponibles en premier pour, l'organisme de presse à la suite d'interviews, de lettres, d'enquêtes, de sondages, et ainsi de suite.

Mauvaises nouvelles : histoires ayant une connotation particulièrement négative, comme la mort, les blessures, la défaite et la perte (d'un emploi, par exemple).

Conflit : Histoires concernant les conflits tels que les controverses, les disputes, les scissions, les grèves, les combats, les insurrections et les guerres.

Surprise : Histoires qui présentent un élément de surprise, de contraste et/ou d'insolite.

Audiovisuel : Histoires qui comportent des photographies, des vidéos, des fichiers audio et/ou qui peuvent être illustrées par des infographies.

Partageabilité : Histoires susceptibles de générer des partages et des commentaires via Facebook, Twitter et d'autres formes de médias sociaux.

Divertissement : Les histoires douces concernant le sexe, le showbusiness, le sport, les intérêts humains plus légers, les animaux, ou offrant des possibilités de traitement humoristique, des titres ou des listes pleins d'esprit.

Drame : Histoires concernant un drame en cours, telles que des évasions, des accidents, des recherches, des sièges, des sauvetages, des batailles ou des affaires judiciaires.

Suivi : reportages sur des sujets qui ont déjà fait l'actualité.

L'élite du pouvoir : histoires concernant des personnes, des organisations, des institutions ou des entreprises puissantes.

Pertinence : Reportages sur des groupes ou des nations perçus comme influents par le public, ou familiers à ce dernier sur le plan culturel ou historique.

L'ampleur : Histoires perçues comme suffisamment importantes en raison du grand nombre de personnes impliquées ou de l'impact potentiel, ou impliquant un degré de comportement ou d'occurrence extrême.

Célébrité : Histoires concernant des personnes déjà célèbres.

Bonnes nouvelles : histoires à connotation particulièrement positive telles que les guérisons, les percées, les traitements, les victoires et les célébrations.

Agenda de l'organisme de presse : Reportages qui s'inscrivent dans l'agenda de l'organe de presse, qu'il soit idéologique, commercial ou qu'il fasse partie d'une campagne spécifique". (Harcup T. & O’Neill D. (2017). What is News?, Journalism Studies, 18:12, 1470-1488, p. 1482).

Ainsi, si les acteurs sociaux souhaitent accroître la couverture médiatique d'une question, ils doivent la présenter aux médias sous un ou plusieurs de ces angles.


ii. Créer des contacts avec des journalistes

En ce qui concerne le « gatekeeping » relatif à l’accès aux médias, Clayman (1992) déclare ce qui suit :

Le « gatekeeping », en tant que concept des sciences sociales, peut être
Retracé dans les écrits de Lewin (1947) sur la planification sociale. Il a observé que la manière la plus efficace de provoquer un changement social généralisé est de se concentrer sur les personnes occupant des postes d’influence clés, qui fonctionnent comme des “gardiens” dans le flux de biens et d’idées à travers la société” (Clayman S. & Reisner A. (1998). Gatekeeping in Action: Editorial Conferences and Assessments of Newsworthiness. American Sociological Review, Vol. 63, No. 2, pp. 178-199, p. 179).

Par conséquent, un autre excellent moyen d'augmenter la couverture médiatique est de créer des contacts avec certains journalistes qui détiennent le pouvoir de décider si un sujet deviendra une nouvelle. Les représentants d'une ONG peuvent demander à rencontrer un journaliste autour d'une tasse de café pour parler de leur travail et des événements futurs susceptibles d'intéresser le journal « afin de voir s'il serait possible à l'avenir de fournir à leur journal des informations en exclusivité concernant les activités prévues ». Au cours de la réunion, il est possible de demander aux journalistes des conseils sur les critères qui permettent à un sujet/événement lié à leur cause d'être considéré comme digne d'intérêt par leur média. Souvent, il suffit d'appeler un ami qui connait comment fonctionne le média.

Le simple fait de rencontrer ce journaliste créera un contact personnel qui peut aider à obtenir une plus grande couverture médiatique à l'avenir.

Le fait d'appeler un ami spécialiste d'un média permettra de devenir soi-même spécialiste d'un média.

Les acteurs sociaux sont les rédacteurs de leurs propres articles dans les médias actuels.


iii. Passer de la stigmatisation à la célébration

Il y a une décennie, une étude avait montré que les véganes étaient stigmatisés dans les médias au Royaume-Uuni (Cole, M., & Morgan, K. (2011). Vegaphobia: Derogatory discourses of veganism and the reproduction of speciesism in UK national newspapers. The British Journal of Sociology, 62(1), 134–153). Des résultats similaires avaient été obtenu relativement l’Australie (Masterman-Smith, H., Ragusa, A.T. and Crampton, A., 2014, November. Reproducing speciesism: A content analysis of Australian media representations of veganism. In Proceedings of the Australian Sociological Association Conference).

Cependant, ces dernières années, l'image des véganes dans la presse britannique est passée d'un mode de vie stigmatisé à un mode de vie normalisé et à un régime alimentaire sain, en particulier grâce à la médiatisation de célébrités véganes (Lundahl O. (2020). Dynamics of positive deviance in destigmatisation: celebrities and the media in the rise of veganism. Consumption Markets & Culture, 23:3, 241-271).

Cette bonne nouvelle peut être reproduite pour améliorer l'image des « activistes animalistes ». Le mouvement de défense des droits des animaux pourrait inviter des activistes célébrités défendant les animaux à des manifestations, par exemple, à faire des discours ou vidéos de promotion ou être les premiers signataires de pétitions qui peuvent être médiatisées. Une telle association avec des célébrités dans les médias a le potentiel de transformer l’expression « militant pour les animaux » en quelque chose de très positif.

Ceux que les médias appellent souvent les véganes sont en réalité les activistes animalistes.

Il convient d'abandonner purement et simplement l'usage du terme dépolitisant de végane pour les activistes animalistes.


iv. Éviter les cadrages négatifs et créer des cadrages positifs

En ce qui concerne le cadrage effectué par les médias, Entman (1993, p. 52) affirme ce qui suit :

Cadrer, c'est sélectionner certains aspects d'une réalité perçue et les rendre plus saillants dans un texte de communication, de manière à promouvoir une définition particulière du problème, une interprétation causale, une évaluation morale et/ou une recommandation de traitement (Entman, R. (1993). Framing: toward clarification of a fractured paradigm. Journal of Communication, 43(4), 51-58, p. 52).

Si une manifestation est cadrée par les médias anciens comme une confrontation entre la police et les manifestants, l'article peut ne parler que de cet aspect conflictuel et « la critique sociétale développée par les manifestants peut ne pas faire partie de l'article - non pas parce qu'il n'y avait pas de place pour elle, mais parce qu'elle n'a pas été définie comme pertinente » (Reese S. D., Gandy O. H. Jr. & Grant A. E. (2001). Framing Public Life: Perspectives on Media and Our Understanding of the Social World, p. 8). C'est pourquoi les militants vont de préférence éviter autant que possible l'image négative de « militants radicaux » ou d’ « extrémistes » et apparaître en tant que “citoyens révoltés par une injustice”.

Si les mouvements sociaux veulent être efficaces, ils doivent éviter la possibilité pour les médias et le public d’insérer leurs actions dans un cadre qui a des conséquences négatives pour leur cause. Ou opérer un retournement de stigmate relativement au cadre en question. 

Selon les sociologues des mouvements sociaux, le "retournement de stigmate" est le processus par lequel une notion sociologique utilisée pour opprimer est utilisée par des acteurs pour exprimer quelque chose de positif. Par ex. "nigga" aux États-Unis à été employé par les blancs comme insulte pour opprimer les noirs. Actuellement, tous les rappeurs noirs utilisent le terme de manière positive. C'est un retournement de stigmate. Pareil pour le terme "gouine" qui a été utilisé comme insulte pour dénigrer les lesbiennes jusqu'à ce que des lesbiennes se soient approprié le terme pour l'utiliser de manière positive comme le groupe lesbien des "gouines rouges". 

Ce que j'appelle "le retournement de paillettes"  décrit le processus opposé: comment un terme utilisé de manière positive devient négatif. 

Le concept sociologique de vieux peut devenir synonyme d'individu expérimenté et celui d'humain (les espèces n'existant pas dans la science post-darwinienne) peut devenir synonyme d'individu détruisant l'environnement de tous les êtres sentients. Le concept d'animal peut devenir synonyme d'individu normal respectant la Terre. 


Pour éviter l’image de « l’extrémisme des droits des animaux », cela peut impliquer la nécessité de souligner dans un communiqué de presse que l’action organisée sera / était totalement pacifique et organisée par une ONG sérieuse dont certaines oeuvres intéressantes peuvent être présentées à la fin du communiqué de presse. Veiller à ce que les aspects visuels d’un événement (élément important pour la couverture médiatique de), tels que les banderoles et les panneaux, contribuent à éviter un cadrage négatif peut également s’avérer utile.

Les médias utilisent également un autre cadre pour les personnes qui s’opposent à la violence infligée aux animaux. Lorsque les médias parlent de du véganisme ou des véganes, ils le présentent comme une question de « style de vie ». En raison de ce cadrage, la question de l’élimination de la mise à mort des animaux pour de simples habitudes alimentaires n’est donc pas considérée comme une question de justice qui doit être traitée par la société et les autorités, mais comme une simple question de choix personnel. Cela rend l’aspect politique du problème totalement invisible et garantit que toute apparition médiatique des véganes est rendue inoffensive pour l’élimination du problème de l’agriculture animale. Étant donné que même les militants sont influencés par les médias, il n’était pas toujours facile, même pour eux de sortir de ces cadre négatifs des médias qui dépeignaient les défenseurs des animaux soit comme des extrémistes militants, soit comme des véganes inoffensifs qui ne font que partager des recettes. Pour éviter le cadre « extrémisme des droits des animaux » qui a des conséquences négatives ainsi que le cadre « style de vie » qui a également de très mauvaises conséquences puisqu’il transforme une importante question de justice en une question bénigne de choix personnel, les activistes animalistes doivent non seulement s’assurer qu’ils sont perçus comme pacifiques lors des actions légales mais aussi rendre leur revendication politique visible, par exemple lorsqu’ils parlent au journaliste ou avec des aspects visuels comme par exemple des inscriptions sur les vêtements telles que « notre société doit respecter la vie des animaux ».

Pour que les médias ne puissent pas ignorer les revendications politiques d’un événement, il est possible de faire figurer ces revendications ou une partie d’entre elles directement dans le nom de l’événement, par exemple « festival de la compassion et de la fin du spécisme » ou « marche pour la fermeture des abattoirs ». De même, souligner dans un communiqué de presse qu’une manifestation n’est pas composée de véganes mais de toutes les personnes qui ont pour revendication politique que notre société devrait un jour respecter la vie de tous les animaux, et expliquer dans que l’événement ne concerne pas les pratiques de consommation des consommateurs mais les opinions politiques des citoyens peut contribuer à rendre la revendication politique du mouvement plus visible dans les médias. En effet, il est plus facile pour les gens de partager l’opinion politique de quelqu’un à qui ils peuvent s’identifier, et il est plus facile pour les non-véganes de partager l’opinion politique de la fin du massacre des animaux pour de simples habitudes alimentaires s’ils peuvent s’identifier à d’autres non-véganes qui ont cette opinion politique.
Les médias présentent souvent l’agriculture animale comme une question économique et sociale, plutôt que comme une question éthique et environnementale majeure.

Les défenseurs des animaux doivent agir pour changer cela en exprimant clairement qu’il s’agit d’une question éthique majeure et en soulignant dans leurs communications que nous devons prendre en compte le fait que la quasi-unanimité des philosophes moraux, les spécialistes de l’éthique de notre société qui ont travaillé sur notre relation aux autres animaux, considèrent que la pratique consistant à tuer des animaux pour de simples habitudes alimentaires est immorale et devrait être éliminée (pour souligner ce fait, les défenseurs des animaux peuvent utiliser dans leurs communications la « Déclaration de Montréal sur l'exploitation des animaux » signée par environ 550 universitaires).

Les défenseurs des animaux doivent également exprimer que l’agriculture animale est un problème environnemental majeur en informant que selon des études scientifiques, comme celle d’Eisen & Brown (2022), l’arrêt progressif de l’agriculture animale, sur une période de 15 ans à partir d’aujourd’hui, conduirait à la neutralisation du réchauffement climatique sur la période 2030-2060, ce qui signifie en d’autres termes, qu’il compenserait totalement l’effet de réchauffement de toutes les autres émissions humaines de gaz à effet de serre sur cette période (Eisen M. B. , Brown P. O. (2022). Rapid global phaseout of animal agriculture has the potential to stabilise greenhouse gas levels for 30 years and offset 68 percent of CO2 emissions this century. PLOS Clim 1(2).

Les acteurs sociaux vont facilement réussir à modifier le cadre entourant l’agriculture animale, étant donné qu’il y a aujourd’hui plus d’articles de journaux qui sont critiques à l’égard de la consommation de viande (Mroz G. & Painter J. (2022). What do Consumers Read About Meat? An Analysis of Media Representations of the Meat-environment Relationship Found in Popular Online News Sites in the UK., Environmental Communication).


v. Prise en compte de la profondeur des cadres

Les cadres ne façonnent pas seulement la présentation d'une histoire individuelle, mais peuvent avoir des conséquences durables sur notre façon de percevoir certaines questions :

Les cadres plus « culturels » ne s'arrêtent pas à l'organisation d'une histoire, mais nous invitent à rassembler une compréhension culturelle et à continuer à le faire au-delà de l'information immédiate. Ce sont les cadres « stratégiques » qui parlent d'une manière plus large de rendre compte de la réalité sociale (Reese (2001), p. 12).

Certains sociologues distinguent les cadres en fonction de leur « profondeur » : les cadres profonds sont plus généraux et souvent plus anciens et les cadres peu profonds sont spécifiques et souvent plus récents (Wolfsfeld, G., (1997). Media and political conflict: news from the middle East. New York: Cambridge University Press). Le cadre « guerre froide » est par exemple plus profond que « attaque non provoquée » (Reese, 2001, p. 12) et le cadre « extrémisme des droits des animaux » est plus profond que « sabotage d'un abattoir ».
Certains éléments d'un problème peuvent rappeler au public un cadre ancien et profond et produire dans son esprit l'insertion du problème dans ce cadre ancien. Nous pouvons faire l'hypothèse que le seuil dans l'étude de Feinberg (2020) vu plus haut concernant les actions de protestation extrêmes, après le franchissement duquel les conséquences de certains modes de mobilisation collective sont également négatives, est lié au cadre « extrémisme des droits des animaux » qui a été soutenu par les médias et qui est maintenant connu et utilisé par de nombreux citoyens pour
catégoriser les actions de droits des animaux dès qu'elles impliquent l'illégalité. Mais les choses changent rapidement. La cadre “the animal turn” / “le tournant animal” donnant l’information que nous sommes en train de vivre une révolution culturelle et bientôt légale dans notre rapport aux animaux est profond et de plus en plus utilisé.


c. Politisation

Le choix d'arguments stratégiques pour une revendication afin que l'opinion publique soit plus susceptible de la soutenir et l'attention portée à la formulation du problème afin que le sujet soit médiatisé favorablement dans les journaux ne sont pas des fins en soi mais aident le problème à être inscrit à l'agenda gouvernemental (qui est l'ordre du jour qui intègre les problèmes auxquels les médias accordent leur attention).

Ce qui aide le problème à être inscrit à l'agenda gouvernemental, c'est aussi la disponibilité concrète de solutions pour éliminer le problème, d'où la nécessité qu'une revendication fasse directement appel à une solution disponible pour le gouvernement.




Pour être efficace, une demande doit déjà exprimer le type de solutions disponibles à mettre en place. Et idéalement se concentrer sur la solution qui est la plus facile à mettre en place par les politiciens compte tenu de la pression publique et des forces politiques. Par exemple, si les défenseurs des animaux veulent que la fin du massacre des animaux soit concrétisée dans la loi, ils doivent réclamer non pas un droit légal à la vie pour les animaux
(très difficile à obtenir car nécessitant le changement de textes se trouvant en haut dans la hiérarchie des lois comme la Constitution), mais la création d'une infraction pénale qui rendrait passible d'une amende le fait de tuer des animaux pour de simples raisons alimentaires (rajout d’une simple infraction pénale nouvelle dans un texte se situant en bas de la hiérarchie des lois). Étant donné qu'en fin de compte, tous les problèmes sont éliminés par la loi, les militants doivent demander l'aide d'avocats qui sont sensibles à leur cause pour savoir comment formuler leur demande de manière à ce qu'elle se concentre sur le changement législatif le plus précis et le plus facile à obtenir pour voir leur problème éliminé. Ils peuvent également aisément demander aux parlementaires sensibles à leur cause quel est le meilleur moment pour soulever leur problème au parlement par le biais d'une pétition ou d'une autre initiative politique. S'ils veulent demander aux parlementaires de défendre leur cause au parlement, ils devraient vérifier quelles sont les forces politiques actuelles après une élection et demander aux politiciens qui sont les plus susceptibles de recueillir le soutien de la majorité. Après une nouvelle élection, ils peuvent facilement faire entendre leur cause au parlement, afin que les nouveaux élus voient que leur cause est discutée au parlement.


Conclusion

Certains diront que la stratégie proposée par est réformiste, ce à quoi Gramsci répondrait qu'aujourd'hui, il est impossible de transformer totalement la société par la force et que la lutte culturelle est une partie essentielle de la révolution. Je répondrais que ce combat culturel peut aussi consister à revendiquer l'adoption de lois et de facilités institutionnelles qui créent une société anarcho-communiste basée sur l'amour. Les informations contenues dans cet article sont très importantes mais les différentes opérations en jeu dans le processus de changement sociétal ne doivent pas être interprétées comme une "procédure stricte" à suivre nécessairement pour parvenir au changement. La seule règle est l'amour. Ce sera donc facile. Amusez-vous bien en jouant. C'est plus sexy. Et sachez que vos enfants vivront dans un monde magnifique. Apprenez sur les doshas pour savoir ce qu'il faut faire pour être en bonne santé émotionnelle et dites aux autres de faire de même.

Anoushavan Sarukhanyan

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